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Légende de la Table Ronde

Galaad, le chevalier parfait

Introduction

Le personnage de Galaad n'appartient pas vraiment à la légende du roi Arthur. Il a été inventé au XIIIème siècle par l'auteur du roman La Queste del Saint Graal, quatrième volume du cycle du Lancelot-Graal. Cet auteur était vraisemblablement un moine cistercien qui avait à coeur de faire l'éloge de la religion chrétienne et qui voulait faire de la légende du Saint Graal, une oeuvre de propagande pour encourager les bons chrétiens à suivre les chemins de la foi. A une époque où les croisades faisaient rage en orient, il était important de rappeler au public l'importance des valeurs chrétiennes, La Queste del Saint Graal est donc une oeuvre didactique qui cherche à édifier le lecteur. Quant au personnage de Galaad, chevalier plus proche de la sainteté que du héros habituel, il est un modèle à suivre pour les jeunes hommes de l'époque. Contrairement aux autres chevaliers de la Table Ronde, il est tout entier investi dans la quête, oubliant ses propres désirs pour le bien de l'humanité - à l'image des chevaliers ayant tout laissé derrière eux au nom de la foi pour se rendre aux croisades.
Pure invention de l'imaginaire chrétien du XIIIème siècle, on ne trouve aucune trace de Galaad dans les textes antérieurs. Il n'apparaît pas dans les textes en langue galloise, contrairement à Merlin ou à Perceval, ni dans les chroniques des historiens du début du Moyen-âge qui parlent du roi Arthur. Galaad est donc un ajout tardif mais il faut reconnaître qu'il est très bien intégré à la légende et qu'il permet de donner une fin cohérente aux aventures du Graal.

 

Famille

Galaad est le fils de Lancelot du Lac et d'Elaine, fille du roi Pellès, seigneur de Cobernic, l'autre nom du Roi-Pêcheur. Il a été engendré grâce à une ruse. L'une des suivantes d'Elaine a fait boire à Lancelot un philtre d'amour qui a donné au chevalier l'illusion que la jeune femme était en réalité la reine Guenièvre. Croyant être en compagnie de sa bien aimée, Lancelot passe la nuit avec Elaine et engendre Galaad.
Jusqu'à l'âge de quinze ans, Galaad est élevé dans une abbaye de la forêt de Camelot, par des moines. Il y reste jusqu'à ce qu'un ermite lui annonce que son devoir est de rejoindre la cour du roi Arthur pour y devenir chevalier et accomplir son grand destin. Galaad obéit. Il est adoubé par son propre père, Lancelot un jour de Pentecôte et entre dans la "confrérie" des chevaliers de la Table Ronde.

 

Galaad à la Table Ronde

Dès son arrivée à Camelot à la cour du roi Arthur, des événements surnaturels désignent Galaad comme celui qui saura conquérir le Graal.

Le siège Périlleux

Au moment de la création de la Table Ronde, Merlin avait fait une prophétie concernant le treizième et dernier siège de la table. Ce dernier devrait rester toujours inoccupé sous peine de châtiment divin, en attendant la venue de l'élu, le meilleur chevalier du monde capable de trouver le Graal et de mettre fin par  la même occasion à toutes les merveilles de Bretagne.
Judicieusement nommé "siège périlleux", cette place est donc toujours restée vide à côté de celle du roi Arthur. Certains chevaliers ont bien tenté de s'y assoir, mais cela s'est toujours soldé par une catastrophe. Dès son arrivée Galaad est invité à prendre place sur le Siège Périlleux. Non seulement il parvient à s'y installer sans dommages, mais il se produit une sorte de miracle : le Graal apparaît alors devant toute l'assemblée dans une lumière éclatante en dégageant une odeur merveilleusement agréable. La coupe sacrée flotte dans l'air devant les chevaliers couvrant au passage la table des mets les plus délicieux. Cet événement extraordinaire est une révélation du mystère du Graal, le signal divin du début de la quête. Dès le lendemain, cent cinquante chevaliers de la Table Ronde se lanceront donc sur les traces du Saint Graal. Bien entendu, c'est Galaad qui ira jusqu'au bout de cette quête spirituelle.

L'épée dans la roche

Au début de la quête du Graal, Galaad réussit un autre exploit qui laisse deviner qu'il sera bien le héros du Graal. Un prodige se produit en effet à la cour du roi, un bloc de marbre rouge est découvert flottant dans un étang, non loin du château de Camelot. Dans la roche, une magnifique épée est enfoncée et sur le pommeau, on peut lire une inscription gravée en lettres d'or : "Jamais personne ne pourra m'enlever d'ici, sinon celui qui doit me prendre à son côté. Et ce sera le meilleur chevalier du monde". Gauvain tente sa chance et échoue. Lancelot, certain de ne pas réussir ne s'essaie même pas à l'épreuve. En revanche, Galaad réussit du premier coup et sans le moindre effort. Cette aventure n'est pas sans rappeler celle que le roi Arthur lui-même a vécue au tout début de son règne. Une telle épreuve est donc symbole de légitimité et de pouvoir, elle est le signe d'un destin exceptionnel.
Les auteurs du XIIIème siècle ont donc judicieusement réutilisé un motif très symbolique et très populaire pour souligner la supériorité de Galaad sur les autres chevaliers de la Table Ronde.

Galaad et la quête du Graal

Galaad se lance donc avec plus de cent autres chevaliers à la recherche du Saint Graal. La plupart d'entre eux, trop prisoinniers des biens matériels et trop éloignés des valeurs spirituelles sont très vite disqualifiés, y compris de très grands noms de la chevalerie comme Gauvain ou Lancelot. Seuls trois d'entre eux, Perceval, Bohort et Galaad parviennent à aller plus loin car ils se battent pour Dieu et non pas pour eux-même. Ils réussissent à retrouver le château du Roi Pêcheur et assistent à la cérémonie du Graal. Ils ont même le privilège de recevoir la communion dans ces objets sacrés, de la main du Christ lui-même. Mais Galaad seul s'engage encore plus loin sur le chemin de la sainteté. En effet, contrairement à tous les autres, le jeune homme est vierge, totalement abstinent et parfaitement vertueux. Sans péché, il est le seul à incarner les valeurs de pureté et d'humilité véhiculées par l'Eglise de l'époque. Entièrement tourné vers l'amour de Dieu et la recherche du salut, il n'attache aucune importance à sa propre personne, aux biens matériels et aux plaisirs terrestres, toutes ces qualités le rendent digne du Graal. Ainsi, sur l'ordre de Dieu, il se rend avec le Graal dans une ville d'orient nommée Sarras. C'est la nouvelle Jérusalem céleste où se multiplient les miracles. Il est ensuite autorisé à contempler à l'intérieur du Saint Graal le mystère de l'incarnation de Dieu. Il meurt alors dans l'extase, heureux de passer de cette vie terrestre à une existence céleste au plus près de l'Eternel. Il monte au ciel emporté par les anges en pleine contemplation des mystères divins. Il emporte avec lui le Graal car le reste de la société arthurienne n'est pas digne de posséder cet objet sacré. En effet le royaume est en pleine décadence, en pleine déchéance morale. Le roi Arthur et les chevaliers sont rattrapés par leurs vices, leurs passions et leurs fautes passées, le déclin du royaume est alors irrémédiable.
Une fois Galaad disparu, plus personne après lui ne pourra occuper le siège périlleux. Quant à la société arthurienne, privée de son guide spirituel, elle s'effondre dans une guerre civile terrible où le roi Arthur est tué. C'en est fini des aventures extraordinaires de Bretagne. Certes, le Graal a disparu avec Galaad, mais grâce au sacrifice de ce dernier, et malgré la disparition des chevaliers de la Table Ronde, le pays a connu la rédemption et a été délivré de l'emprise du mal assimilé aux "merveilles de Bretagne".
Le roi Arthur, grâce au triomphe spirituel de Galaad, laisse donc derrière lui une terre entièrement christianisée, où tous se sont convertis aux valeurs de l'Eglise, et même si la Table Ronde disparaît, les terres de Bretagne ne sont plus en proie aux manifestations diaboliques qu'étaient la magie, les créatures monstrueuses ou la sorcellerie. Une nouvelle ère peut alors commencer.

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